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inattendue de cet officier. Dans sa sollicitude (pour les fournisseurs), M. de la Roncière avait pris soin d’envoyer au Consul un billet signé de sa main et dont le contenu était le télégramme à faire parvenir.

Cette lettre et ce télégramme sont des pièces officielles, nous les avons vues et lues au Consulat de France à San-Francisco.

M. le contre-amiral Cloué les a vues aussi au mois d’août 1869, et il en a peut-être envoyé des copies à Son Exc. l’amiral Rigault de Genouilly, ministre de la marine, auquel d’ailleurs, nous le savons, M. le Consul général de France à San-Francisco en a fait tenir des copies légalisées.

Plusieurs des Français qui habitent la capitale de la Californie connaissent cette histoire et ont vu les pièces dont nous parlons. Le télégramme de M. de la Roncière ne put parvenir assez tôt à tous les fournisseurs, et les marchandises de certains d’entre eux durent être vendues soit pour leur compte, soit pour celui de la succession de feu M. Moriceau.

Heureusement les lettres et les télégrammes font rarement mourir, aussi le jeune officier, qui jamais à Tahiti n’avait été malade, aura nous l’espérons conservé la splendide santé que nous lui avons connue au moment même où M. le comte Émile de la Roncière annonçait sa mort[1].

Ce commandant Commissaire impérial est arrivé à Tahiti le onze octobre 1864. Ses appointements s’élevaient alors à 15,000 francs par an sans aucun supplément. Cette somme n’était vraiment pas suffisante dans un pays où tout est cher, aussi sollicita-t-il une augmentation annuelle de dix mille francs pour frais de représentation, et la dépêche ministérielle qui les lui accorda, à compter du 1er janvier 1865, ne fit que pourvoir à un besoin réel.

M. de la Roncière aimait à faire confortablement les honneurs de sa maison. Il recevait assez souvent, donnait de bons dîners et de jolies soirées. Il entretenait un nombreux personnel de domestiques, les battait quelquefois, leur payait des indemnités et avait voiture et chevaux.

Ses dépenses étaient assez considérables, car en dehors de ce que lui coûtait son train de vie, il a eu à payer chez divers marchands des notes assez élevées. L’une d’elles, entre autres,

  1. Rapprocher cet acte de M. É. de la Roncière de l’article 146 du code pénal.