Page:Chopard - Quelques personnages officiels à Tahiti, sous le règne de S. M. Napoléon III.djvu/43

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 36 —

M. Landes répondit que cela n’était pas nécessaire. M. de la Tour insista encore, mais en vain ; il mit alors les Enquêteurs en demeure de l’entendre, mais ils s’y refusèrent. C’est après cela qu’il leur envoya une déposition écrite à laquelle ils crurent devoir répondre par une lettre qui disait ; « Nous ne reconnaissons pas à M. de la Tour le droit d’exiger que sa déposition écrite soit jointe au dossier, parce que cela est contraire aux prescriptions du code d’instruction criminelle français, et nous regrettons même de connaître les détails contenus dans cette déposition, parce qu’ils nous induisent à penser que le R. P. Laval n’aurait pas dû juger dans l’affaire Dupuy, à cause des prescriptions du même code. »

Le soir de ce même jour, c’est-à-dire du 26 février 1861, MM. Landes et Duprat firent transporter leur bureau dans la prison d’Urbain, ils s’y enfermèrent, seuls avec lui, depuis le coucher du soleil jusqu’à dix heures de la nuit et ils l’interrogèrent[1].

Plus tard Urbain, sorti de sa prison, disait en présence d’Akakio de Taku, Bernardino Agatoroniko, Niro, Tomiko, Adriano et Antonio Mahoï, « qu’on lui avait fait peur et qu’on n’avait pas voulu l’entendre sur les questions ayant trait à la culpabilité de Dupuy, son complice. »

Le jeudi, 28 février, Urbain fut encore interrogé puis remis au secret. Sa femme lui écrivit une lettre que M. Duprat ne voulut point laisser parvenir à sa destination ; néanmoins il permit au geôlier Rafaël de communiquer avec le prisonnier pour lui faire savoir que sa femme le saluait. C’est dans cette occasion qu’Urbain put dire à Rafaël. « J’ai beaucoup de peines. Je suis intimidé. On me fait des questions qui n’ont point trait au jugement de Dupuy ni au mien et je n’arrive pas à pouvoir dire ce que je voudrais faire connaître. »

Le 1er mars 1861, Urbain écrivit, de sa prison, à M. Duprat, une lettre dans laquelle on lit le passage suivant :

« Commandant, je pensais que vous aviez cru à tout ce qu’il (Dupuy) vous avait dit et qu’il n’y avait pas moyen de vous faire croire que c’était le contraire. J’avais peur de cela et de vous, et puis de votre arme. Il faut donc, Commandant, que je répare tout cela, et je pense que vous voudrez bien me croire,

  1. Urbain parlait et écrivait la langue française.