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Maria-Eutokia ne voulut pas leur accorder leur demande et exprima sa volonté qu’avant toute chose ils prissent connaissance des pièces du procès. MM. Landes et Duprat insistèrent encore, mais la reine s’en tint à ce qu’elle avait déjà répondu.

C’est alors que M. Duprat s’écria : « Eh bien, concédez-nous la grâce et ensuite, puisque vous y tenez, nous prendrons connaissance des pièces du procès. — Mais, dit la reine, vous tenez donc, Messieurs, à agir sans connaître la cause ? M. Landes se pressa alors de prendre la parole pour mettre en doute la compétence du tribunal qui avait jugé et condamné Dupuy, « parce que, dit-il, ce tribunal n’a pas été approuvé par M. le gouverneur de Tahiti. »

Maria-Eutokia répondit simplement : « Mais tout à l’heure, Messieurs, vous avez dit que tout ayant été fait d’après nos lois et nos usages, c’était bien fait. »

M. Landes revint alors à sa première façon de dire. Il reconnut que Gambier avait le droit de se gouverner par lui-même, et il ajouta : Que la reine fasse toutes les réserves qu’elle voudra, mais qu’elle nous accorde cette grâce.

La Reine refusa encore la grâce de Dupuy, et M. Duprat se leva et rompit la séance en disant : « Puisqu’il en est ainsi, nous commencerons demain les enquêtes. »

En effet, le lendemain, mardi, 26 février 1861, messieurs les Enquêteurs, suivis par quatre matelots armés, se rendirent chez la régente où une salle fut mise à leur disposition ; les quatre marins armés furent mis à garder la prison et quatre chefs gardiens de Mangarèva furent préposés au maintien de l’ordre dans la salle des séances, où le public pouvait entrer librement.

MM. Landes et Duprat firent prêter serment à leurs deux interprètes Guilloux et Marion, puis par trois fois ils demandèrent publiquement, à la régente, la grâce de Dupuy ; mais cela leur fut encore refusé.

L’enquête que ces messieurs commencèrent, en ce jour, avait trait à Dupuy et à Urbain Daniel. Ce dernier était un homme coupable d’avoir volé plusieurs onces d’or et auquel le premier avait servi de receleur.

Dans l’instruction de cette affaire et lors des débats devant le tribunal de Mangarèva, on avait entendu trente témoins.

Les Enquêteurs se firent amener Urbain Daniel pour l’interroger. Ce malheureux était pâle ; il paraissait vivement