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s’était promis qu’elle ferait nommer son frère envers et contre tous.

Le jour du vote étant venu elle déclara que, seuls, quarante et un hui-raatiras (citoyens) désignés par elle, pourraient prendre part à l’élection. Tous les catholiques, sauf trois d’entre eux, qu’elle croyait avoir gagnés à sa cause, avaient été soigneusement exclus de la liste des votants. Cependant, malgré toutes ces précautions, ce ne fut qu’au troisième tour de scrutin que son frère Pohue fut élu juge du district.

Presque tous les hui-raatiras, tant protestants que catholiques, réclamèrent par écrit et collectivement contre la validité de cette élection. M. de la Richerie fit droit à cette protestation et ordonna de procéder à un nouveau vote, puis il envoya pour le surveiller M. Caillet, avec l’interprète Darling, beau-frère du candidat Pohue.

Les choses furent bien faites. On ne fixa ni l’heure de l’ouverture, ni celle de la clôture du scrutin, mais le jour du vote un assez grand nombre des électeurs furent exclus parce qu’ils s’étaient présentés à neuf heures du matin, après la fermeture des urnes. Nous croyons inutile d’ajouter que Pohue fut encore le candidat élu.

Parmi les hui-raatiras opposés à l’élection du beau-frère de Darling, étaient les nommés Teono et Tehoorau.

Le premier, protestant assez peu zélé, appartenait à une famille dont les tendances catholiques étaient bien connues, il était en outre l’oncle du candidat des catholiques.

Le second, Tehoorau, était un chrétien catholique zélé et

    colons et commerçants, catholiques et protestants, la reine Pomaré elle-même, que dis-je, les Chambres législatives en pleines séances publiques ont demandé avec les plus vives instances au commissaire impérial l’éloignement des affaires du fameux Darling, vrai fléau du pays, ennemi également roué et perfide de l’influence française et de la cause catholique.
    Eh bien, tant d’efforts réunis, tant de réclamations imposantes, tant de chefs d’accusations amoncelés avec leurs pièces de conviction, n’ont abouti qu’à rendre cet homme dangereux et impopulaire, plus puissant et plus osé. Aujourd’hui plus que jamais il est le conseil ordinaire et le bras droit de M. de la Richerie ; l’inspirateur de ses ordonnances ; le caissier de ses fonds indigènes, sans que le trésorier ou tout autre employé de l’administration soit admis à exercer à son égard le moindre contrôle. »