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fait ses prédécesseurs et ne tenant aucun compte du traité du protectorat, soumettait les Indiens catholiques à des travaux qui révoltaient leur conscience.

En effet, dans une visite qu’il fit des districts de l’île, il ordonna de réparer ou de construire plusieurs temples protestants.

Ni les ministres de ce culte, ni les chrétiens de cette communion n’avaient provoqué ces ordres ; la plupart d’entre eux s’en montrèrent peu satisfaits, car c’étaient de nouvelles dépenses à supporter et de nouveaux travaux à exécuter. M. de la Richerie ordonna que les Indiens catholiques participeraient à ces travaux.

Cette mesure était tellement injuste, tellement illégale, que beaucoup de protestants, eux-mêmes, en furent choqués. À Punavia ils ne voulurent point du concours des catholiques pour le travail de leur temple, en disant : « Qu’obliger ces derniers à participer à ce travail était une iniquité révoltante. » Malheureusement, tous les districts ne suivirent pas cet exemple, et le but de M. le Commandant Commissaire impérial fut atteint. Partout ailleurs, il fallut obéir. Te lavana parau, le gouverneur a parlé. Malheur aux récalcitrants, on les jugera sans loi (puisque la loi n’existe pas encore), on les jugera même contre la loi, car l’acte du protectorat a force de loi, ou mieux encore et c’est plus simple, on les punira arbitrairement.

Citons un second fait :

C’était dans le mois de septembre 1860. Le juge du district de Punavia avait été destitué. Les Indiens catholiques de cette circonscription espéraient pouvoir faire élire le candidat protestant qui leur était favorable et empêcher son concurrent, Pohue, frère de la chefesse, d’augmenter encore par son élection le pouvoir de sa famille trop considérable déjà.

Mais la chefesse, belle-sœur de l’anglais Darling, interprète du gouvernement et tout puissant auprès du gouverneur[1],

  1. Afin de donner une idée de l’influence de M. Darling sur M. de la Richerie, nous reproduisons ici un passage d’une lettre écrite à cette époque par un de nos amis qui était à même de bien voir et de bien juger. Voici ce passage :
    « C’est lui (M. de la Richerie) surtout qui le défend chaleureusement, le protège et le maintient envers et contre tous. Bien souvent tout le monde sans exception à Tahiti, Européens et Indiens, Français et Anglais,