Page:Chopard - Quelques personnages officiels à Tahiti, sous le règne de S. M. Napoléon III.djvu/32

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 25 —

l’esprit qui dictait les lignes suivantes écrites par ce Commissaire impérial à M. le Ministre de la Marine :

« Ces mesures consisteraient principalement, selon moi, dans l’installation et le maintien à Mangarèva d’un résident dans des conditions analogues à celles de l’officier que j’ai installé aux îles Marquises. »

(Lettre de M. de la Richerie au Ministre de la Marine, du 12 mai 1861.)

Mais revenons à Tahiti.

Lorsque M. de la Richerie prit la direction du gouvernement de cette île, la mission catholique était en plein développement. Les indigènes entièrement revenus des préventions grossières que les ministres méthodistes anglais leur avaient inculquées se montraient pleins de confiance dans les prêtres catholiques français.

Mgr Jaussen, évêque d’Axieri, était la plus haute influence morale de l’île ; entouré de l’estime et du respect général, pas un jour ne s’écoulait sans voir des Tahitiens protestants, des notables surtout, venir le consulter pour leurs plus intimes affaires. La reine Pomaré elle-même, qui n’avait plus aucune confiance dans les interprètes anglais, bien qu’ils fussent assermentés et employés du gouvernement français, réclamait pour ses affaires délicates, l’évêque catholique comme son conseil et son unique interprète.

Les conversions étaient nombreuses dans les districts et le pensionnat des Sœurs de Saint-Joseph, qui comptait plus de cent élèves, permettait déjà d’espérer que les jeunes tahitiennes élevées dans ses murs n’en sortiraient qu’assez fortement nourries d’une saine morale pour que, liées aussitôt par les promesses du mariage chrétien, elles pussent échapper à la prostitution qui avait gangrené leurs mères.

Cet état de choses ne devait, hélas ! pas durer.

À peine le nouveau Commissaire impérial fut-il au pouvoir qu’il s’entoura de jeunes officiers, et sous son influence dissolvante, ils devinrent pires que lui-même et outrèrent les idées et les façons d’agir du maître.

L’un d’eux, M. Xavier Caillet, nature honnête, mais doué d’un esprit étroit et d’un jugement faux, devint l’un des principaux instruments employés par M. de la Richerie. Ce dernier se l’était en peu de temps inféodé à un point tel que les Kanacks, gens pleins de finesse et possédant un grand esprit d’observa-