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En voyant s’accomplir ces choses nous nous sommes surpris à murmurer ces deux vers que notre enfance apprit dans la grammaire de Noël et Chapsal :

Heureux si de son temps pour cent bonnes raisons
O’Tahiti eût eu de petites maisons.

M. le Commandant Commissaire impérial avait depuis longtemps préparé cette loi. C’était son œuvre chérie. C’était le produit de ses plus profondes méditations. Il en avait entretenu tout le monde et n’avait d’ailleurs trouvé personne pour approuver ses idées.

Aujourd’hui que cette législation a disparu il ne reste qu’un fort petit nombre de ces cases, ce sont celles comportées raisonnablement par les localités. Ce résultat montre à lui seul ce qu’est le jugement de celui qui avait ordonné la mesure et aussi combien peu il avait tenu compte des besoins de la population dont on lui avait confié les intérêts.

Ici, M. de la Richerie ou l’un de ses amis, peut nous arrêter et nous dire : « Cette loi a été votée par la Chambre législative tahitienne dans la session de l’année 1861. »

C’est vrai, et cette juste observation nous oblige à nous rappeler l’épuration gouvernementale qui a précédé cette session. M. le Commandant Commissaire impérial en parle lui-même dans son discours prononcé à l’ouverture de la Chambre en 1861. Écoutons-le !

M. le Commandant commissaire impérial. « Le nombre des députés a été réduit. L’Assemblée étant moins nombreuse les travaux marcheront plus rapidement. »

En effet, l’Assemblée législative venait d’être réduite. Sur les 62 ou 64 membres qui devaient la composer à l’avenir, on ne comptait pas moins de 42 employés salariés du gouvernement ; aussi lors du vote de la loi citée plus haut il y eut 42 boules blanches pour l’adoption et 19 boules noires pour le rejet. Tous les députés élus et non salariés n’étaient pas présents, ils n’étaient que dix-neuf.

Et ce n’est point tout. Avant cette session les lois étaient discutées puis votées article par article, c’était la règle. Mais en cette année 1861 ce mode de procéder fut changé sans qu’on eût même pris la peine de modifier le règlement. On le voit par la protestation suivante :