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essayer, pour la moralisation des condamnés, un régime qui n’était pas celui de la corde et du bâton.

Tahiti fut le second point du globe où il eut à appliquer ses idées sur le gouvernement des hommes.

Parti de France avec sa famille, il se rendit d’abord à Valparaiso, puis à Papeete, où il arriva le 1er janvier 1859, sur le navire le Glaneur qui était à M. Pignon.

Durant le voyage, ce dernier se montra plein de soins et de prévenances pour ses passagers, et c’est alors que naquit une intimité devenue plus tard très-étroite entre la famille Pignon et celle de M. le Commandant Commissaire impérial.

Quelques personnes ont été étonnées de cette grande amitié, et elles ont cherché à l’expliquer ; mais, comme il advient le plus souvent en pareil cas, elles l’ont attribuée à des causes toutes plus étranges les unes que les autres, alors qu’elle n’avait sans doute d’autre raison d’être que la parfaite convenance des esprits et la sympathie des cœurs.

Cependant, il faut le dire, cette liaison a eu de sérieux inconvénients, car à l’époque où M. Pignon tendait ses filets à Mangarèva, afin de parvenir à faire payer ses dettes par la reine de ce pauvre petit pays, il laissa échapper des paroles imprudentes, des menaces même, qui ont fait penser qu’il était conseillé et qu’il serait aidé dans ses projets par M. de la Richerie.

Ces légèretés de langage acquéraient d’autant plus de gravité, dans la bouche de ce trafiquant, que l’intimité des deux familles était plus développée et plus connue ; elles étaient d’autant plus regrettables qu’en Océanie, plus que partout ailleurs, il est à désirer que le pouvoir ne puisse pas être soupçonné

Mais abordons un autre sujet :

Si l’on étudie avec soin la manière de faire de M. de la Richerie, on arrive très-promptement à se convaincre qu’il est possédé de la passion, ou pour mieux dire de la manie gouvernementale. Il aime le pouvoir, non pour faire le bien, mais pour avoir le plaisir de faire sentir à ses administrés les rênes du gouvernement, semblable en cela à l’un de ces cochers qui, du haut de leurs sièges et sans nécessité, tourmentent la bouche de leurs chevaux.

Lors de son arrivée à Tahiti, c’est-à-dire, au premier janvier 1866, les Tahitiens qui avaient des enfants à l’école étaient les seuls, astreints à payer un impôt annuel de six francs, Il s’em-