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Maria-Eutokia s’est retirée au couvent. Akakio, ex-président du conseil de régence, est chargé du pouvoir exécutif sous la direction immédiate du pro-vicaire.

Il reste peu de traces des efforts tentés par les résidents pour améliorer les institutions du pays. Cependant, l’humanité doit au contrôle du gouvernement protecteur la suppression des châtiments, tels que la flagellation des hommes et la mutilation de la chevelure des femmes. On doit aussi à ce contrôle l’introduction de lits de camp dans les prisons.

Le lac a rapporté cent tonneaux de nacres l’année dernière, et quinze tonneaux cette année ; elles ont été vendues, en grande partie, à la régente, qui les a payées, le tonneau, 225 francs en marchandises.

Je n’ai aucun renseignement sur la valeur des perles trouvées pendant la pêche.

La population de tout le groupe, évaluée en 1866 à tout au plus un millier de personnes, enfants compris, est frappée sans merci par une maladie terrible dont les symptômes sont ceux de la consomption. On a compté 160 décès l’année dernière et 50 dans le premier trimestre de cette année.

Au nombre des victimes se trouve le jeune roi, sa femme et presque tous les membres du conseil de régence, presque tous les indigènes revenus de Tahiti et la famille entière de M. Marion.

Une des causes de cette maladie doit être attribuée, selon moi, à l’état de nostalgie[1] et de stupeur dans lequel paraît vivre le Mangarèvien depuis si longtemps éprouvé par les malheurs.

Malgré ce voile funèbre tristement tendu sur ces îles, les cachots contre lesquels j’ai protesté en 1866, continuent à être occupés par les condamnés des deux sexes.

Le nombre des expiations sur une population aussi réduite accuse, au moins, une nécessité de réagir avec vigueur contre une dépravation morale profonde, et tend à prouver que le pouvoir temporel dirigé par le clergé ne convient pas plus aux Gambier qu’ailleurs.

  1. Une remarque à faire, c’est que dans les écrits ou dans les discours de ces Messieurs, la locution selon moi est au moins le précurseur infaillible de quelque phrase grosse de sottise.