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en contact avec des gens seulement quelque peu civilisés. Il cherchera en vain dans ce pays un indice sérieux d’un travail, d’un progrès quelconque, en industrie comme en agriculture ; il ne trouvera que des églises, des chapelles, des couvents assez bien bâtis et des maisons en pierre au milieu de misérables huttes, d’où ne sortent que des gens au teint hâve, semblant chercher un peu de nourriture, ou d’autres rentrant précipitamment comme honteux de leur misère.

Pour moi, monsieur le Ministre, il est un point sur lequel ma conviction ne changera jamais.

Les missionnaires des Gambier, avant tout, sont commerçants. Le catholicisme, en faveur duquel ils prêchent et qu’ils déconsidérent honteusement, n’est entre leurs mains qu’un moyen pour maintenir la population dans leur dépendance et éloigner toute concurrence qui ferait tort à leurs intérêts.

J’ai envoyé à votre Excellence, par lettre du 29 avril, no 15, 1er bureau, les rapports de MM. Caillet et Laurencin.

Je recommande à l’attention du Ministre un tableau qui expose les produits divers donnés par la pêche des nacres (ci-après).

Où sont seulement les traces des sommes énormes qui ont été perçues ?

Tant d’argent tombé dans un pays où l’on ne trouve pas à changer une pièce d’un franc, où même avoir de l’argent est presque un péché, où il n’y a pas le plus petit motif de dépense, n’a pas laissé le moindre vestige ni chez la régente, ni dans la population ! ! !

C’est là un mystère que les missionnaires expliqueraient difficilement.

Je le répète, la régente n’est qu’un mannequin que la mission manœuvre, qu’elle met en avant selon ses besoins ou ses intérêts, tout en sachant très-adroitement toujours se mettre derrière.

La civilisation n’a rien de commun, je pense, avec les actes inqualifiables dont ces malheureuses îles ont été le théâtre.

Ça ne peut être au nom de la civilisation qu’on flagelle les hommes, qu’on les enferme pendant des années dans d’infects bouges, qu’on rase la tête des femmes, etc., etc.