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comme un guerrier sans peur, à travers des monceaux de cadavres.


XXXIX.

La vie vibrait dans chaque corde de mon âme, on sentait la force dans chacun de mes faits. Mieux eût valu pour moi être dans un tombeau que sur une pareille voie ; mieux la lame au poing qu'avec une telle pensée dans la tête. Tôt ou tard une pluie de foudres s'abattra sur l'aigle qui regardait le soleil en face, le cou tendu vers l'avenir. Que dis-je, elles éclatent sans cesse sur ma tête.


XL.

Et cependant c'est par moi que ma nation est devenue grande, c'est moi qui lui ai donné son nom et ouvert son avenir ; poussée par ma rame sanglante, elle flotte encore sur l'Océan humain, cette Pologne, antique nef de toutes les souffrances. Une autre vague l'a souvent détournée de son chemin, et souvent son génie sacré s'est épuisé pour ne produire que des fruits terrestres,