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s nous tendent ! Une fois, au retour d’une expédition lointaine, tandis que les éclairs brillaient à travers les longs filets d’une pluie sanglante, moi et mes guerriers nous vîmes des ailes d’aigles tués, aussi nombreux que le sont dans certains cimetières de ma patrie les ossements des Germains.


XLIII.

Leurs plumes ruisselaient d’eau ; du sable il s’en dressait quelques unes d’une si gigantesque dimension que, lorsque j’en pris une et la soulevai de ma lance, cette aile pareille à un grand fantôme nébuleux, en se relevant paresseusement de son ornière, comme un esprit endormi dans la fange à la lueur des foudres et évoqué par des conjurations cabalistisques, cette aile, dis-je, atteignit de son sommet le panache rouge de mon casque.


XLIV.

Un tel mystère et quelque chose de si humain, enveloppaient cette aile que je m’écriais : « dites moi, ô vautours, est-ce un