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qui menaçoit de son joug tous les pays chrétiens. En même temps il faisoit au dedans du royaume la plus nécessaire de toutes les conquêtes, domptant l’hérésie tant de fois rebelle. Enfin (ce qu’il trouva le plus difficile) il calmoit une cour orageuse, où les grands, inquiets et jaloux, étoient en possession de l’indépendance. Aussi le temps, qui efface les autres noms, fait croître le sien, et à mesure qu’il s’éloigne de nous, il est mieux dans son point de vue. Mais parmi ces pénibles veilles il sut se faire un doux loisir, pour se délasser par le charme de l’éloquence et de la poésie. Il reçut dans son sein l’Académie naissante ; un magistrat éclairé et amateur des lettres en prit après lui la protection. Louis y a ajouté l’éclat qu’il répand sur tout ce qu’il favorise de ses regards. À l’ombre de son grand nom, on ne cesse point ici de rechercher la pureté et la délicatesse de notre langue.

Depuis que des hommes savans et judicieux ont remonté aux véritables règles, on n’abuse plus, comme on le faisoit autrefois, de l’esprit et de la parole ; on a pris un genre d’écrire plus simple, plus naturel, plus court, plus nerveux, plus précis. On ne s’attache plus aux paroles que pour exprimer toute la force des pensées ; et on n’admet que les pensées vraies, solides, concluantes, pour le sujet où l’on se renferme. L’érudition autrefois si fastueuse ne