Page:Choix de discours de réception à l'Académie françoise, tome I, 1808.djvu/84

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Le Roi, cependant, pour le bien de la Chrétienté, avoit résolu dans son cabinet qu’il n’y eût plus de guerre. La veille qu’il doit partir pour se mettre à la tête d’une de ses armées, il trace six lignes et les envoie à son Ambassadeur à La Haye. Là-dessus les Provinces délibèrent, les ministres des hauts alliés s’assemblent ; tout s’agite, tout se remue, les uns ne veulent rien céder de ce qu’on leur demande, les autres redemandent ce qu’on leur a pris ; mais tous ont résolu de ne point poser les armes. Mais lui, qui sait bien ce qui en doit arriver, ne semble pas même prêter d’attention à leurs assemblées ; et comme le Jupiter d’Homère, après avoir envoyé la terreur parmi ses ennemis, tournant les yeux vers les autres endroits qui ont besoin de ses regards, d’un côté il fait prendre Luxembourg, de l’autre il s’avance lui-même aux portes de Mons ; ici il envoie des Généraux à ses alliés, là il fait foudroyer Gênes ; il force Alger à lui demander pardon, il s’applique même à régler le dedans de son Royaume, soulage ses peuples, et les fait jouir par avance des fruits de la paix ; et enfin, comme il l’avoit prévu, voir ses ennemis, après bien des conférences, bien des projets, bien des plaintes inutiles, contraints d’accepter les mêmes conditions qu’il leur a offertes, sans avoir pu rien en retrancher, y rien ajouter, ou, pour mieux dire, sans avoir pu avec tous leurs efforts, s’écarter d’un seul pas du