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et de bien plus considérable pour nous, je veux dire la connoissance parfaite de la merveilleuse histoire de notre protecteur.

Et qui pourra mieux que vous, nous aider à parler de tant de grands événemens, dont les motifs et les principaux ressorts ont été si souvent confiés à votre fidélité, à votre sagesse ? Qui sait mieux à fond tout ce qui s’est passé de mémorable dans les Cours étrangères, les traités dans les alliances, et enfin toutes les importantes négociations qui sous son règne ont donné le branle à toute l’Europe ?

Toutefois disons la vérité, Monsieur ; la voie de la négociation est bien courte sous un Prince qui, ayant toujours de son côté la puissance et la raison, n’a besoin, pour faire exécuter ses volontés, que de les déclarer. Autrefois la France, facile à se laisser surprendre par les artifices de ses voisins, autant qu’elle étoit heureuse et redoutable dans la guerre, autant passoit-elle pour être infortunée dans ses accommodemens. L’Espagne, sur-tout, l’Espagne, son orgueilleuse ennemie, se vantoit de n’avoir jamais signé, même au plus fort de nos prospérités, que des traités avantageux, et de regagner souvent par un trait de plume ce qu’elle avoit perdu en plusieurs campagnes. Que lui sert maintenant cette adroite politique, dont elle faisoit tant de vanité ? Avec quel étonnement l’Europe a-t-elle vu, dès les premières démarches du Roi, cette superbe Nation