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François ne lit pas avec transport les vers de Racine, soit digne de sentir l’harmonie des vers d’Homère.

N’envions point aux Anciens des avantages que nous ne pourrions obtenir qu’en nous privant de ceux dont nous jouissons. Notre langue a des richesses qui lui sont propres, sachons en profiter, et tâchons de les entendre ; mais gardons-nous de détourner, de violenter sa marche, et ne la conduisons à la perfection qu’en étudiant son caractère, qu’en suivant la direction du principe qui l’anime.

L’art de la parole est, comme tous les Arts, le produit du besoin et de l’intérêt général. La forme du Gouvernement et la nature des mœurs ont déterminé le caractère et le génie de toutes les langues.

Dans une démocratie, où l’éloquence peut tout sur la multitude, de qui tout dépend, les artifices du langage ont dû avoir pour but d’ébranler l’imagination, de flatter les sens, d’enflammer les passions du peuple. Dans une monarchie, où règnent des intérêts et des besoins d’un autre genre, ce principe caché, mais puissant, qui forme les mœurs et les usages d’une Nation, doit imprimer au langage une autre direction, un tout autre caractère.

Sous cette forme de Gouvernement, les citoyens divisés en classes inférieures pour s’élever vers les premières, et de la part des premières pour