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avoit vu en philosophe, et qu’il parloit en homme du monde : c’étoit le goût qui mettoit en œuvre les trésors de l’étude et de l’expérience. Il composa plusieurs ouvrages ; mais à peine les a-t-il communiqués à un petit nombre d’amis. Son éloquence naturelle et sa discrétion le firent initier aux mystères les plus importans de la politique. La douceur et la sûreté de son commerce le rendirent agréable aux grands, et précieux à la société.

Qui pourra se flatter d’échapper à la calomnie ? Elle n’a point épargné cet homme indulgent et sage, dont jamais personne n’eut à se plaindre. On voulut le perdre à la Cour, avant même qu’il y fût connu ; et ce fut la source de sa fortune. On l’accusoit d’avoir eu part à une intrigue qui éclata en 1718. M. le Régent, Prince juste, mit M. l’abbé Alary à portée de se défendre ; et quand il l’eut entendu : " Vos accusateurs, lui dit-il, nous auront servis l’un et l’autre, en me procurant l’honneur de vous connoître ". Il le chargea d’enseigner au jeune Roi la science des Rois, l’histoire. M. l’abbé Alary parcourut avec Louis XV les Annales du monde ; il lui montra pour résultat général des révolutions guerrières et politiques, l’éternelle inutilité, par conséquent la folie cruelle de la guerre. Si, comme on ne peut en douter, les leçons de l’instituteur ont nourri dans le cœur de son Auguste Élève cette horreur de l’injustice et de la violence, cette douceur bienfaisante et paternelle qui le caractérisent,