Page:Choix de discours de réception à l'Académie françoise, tome I, 1808.djvu/497

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toujours bien borné ; mais il voit ses bornes, et il cherche à les reculer par la communication des lumières : de là les sociétés littéraires, de là aussi la liberté qui doit régner, et sans laquelle on est inutile à soi-même et aux autres.

Les grands Princes ont intérêt d’avoir des sujets éclairés, ils ont pris plaisir à former et à protéger ces sociétés savantes.

Charlemagne eut le malheur de faire des conquêtes, parce qu’il vivoit dans un siècle qui méritoit des conquérans, par la stupide admiration qu’il leur prodiguoit ; mais le principe de la vraie grandeur étoit dans l’ame de ce Prince. Charlemagne, averti par Alcuin qu’il existoit un autre genre de gloire favorable à l’humanité, s’empressa de le saisir. Son palais devint l’asile des talens échappés à la barbarie. Il forma un corps littéraire dont il voulut être membre ; et les Académies auroient le même droit que les Universités, de regarder Charlemagne comme leur premier fondateur. Il assistoit aux assemblées, il proposoit et permettoit des doutes, il instruisoit et vouloit être instruit.

Après la mort de Charlemagne, on crut avoir des affaires plus importantes ; on s’égorgea, on s’empoisonna ; la terre fut couverte de crimes. Les lettres épouvantées s’enfuirent de nouveau devant la barbarie.

Saint-Louis rassembla quelques livres et quelques savans ; mais les Croisades arrêtèrent tout