Page:Choix de discours de réception à l'Académie françoise, tome I, 1808.djvu/450

Cette page n’a pas encore été corrigée

Vous admirez, vous aimez le plus grand Poète de ce siècle. Il doit votre hommage et celui des Nations à l’harmonie et à l’éloquence de ses vers, mais plus encore à sa philosophie et au talent divin d’inspirer cette humanité qui, à mesure que les hommes s’éclairent, devient la première des vertus.

C’est dans ce siècle, Messieurs, qu’une critique savante s’est unie à la science des faits. Lorsqu’à la renaissance des lettres on remua les décombres de l’antiquité, chaque morceau des ruines parut un monument : l’erreur appuia l’erreur, et les faits altérés étayèrent de fausses opinions. Mais si, dans l’enfance des hommes et des Nations, les opinions et les faits sont reçus avec crédulité, il est pour les Nations et pour les hommes un âge mûr où le vrai seul est admis.

Cet esprit de critique, ces nouvelles lumières, ont changé l’histoire. Si elle ne doit pas être un recueil de dates, de noms, d’intrigues, de combats peu importans, de portraits imaginaires, elle vient de naître. On doit à plusieurs d’entre vous des histoires particulières et générales, où ce qui intéresse les hommes n’est plus oublié. On peut y connoître les climats, les productions, l’industrie, les institutions civiles et religieuses, les arts et les mœurs des Nations. Les historiens ne sont plus des témoins prévenus, ils sont des juges, et l’histoire, qui n’étoit que l’école des ambitieux, devient celle des hommes d’état.