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ouvrages. Balzac et Voiture, qui le suivoient, n’eurent pas comme lui le don de penser. L’un étonna par des idées gigantesques revêtues d’un style emphatique ; l’autre par l’abondance de ses plaisanteries, auxquelles il manquoit de la noblesse et de la gaîté.

Le grand homme qui devant la Rochelle domptoit le fanatisme de ses ennemis, l’indocilité de son armée, et les mers ; ce Ministre qui appeloit à la liberté l’Empire et l’Italie, qui divisoit l’Angleterre, soutenoit la Hollande, conduisoit Gustave, et faisoit succéder en France l’ordre de la Monarchie à l’Aristocratie tumultueuse des Grands ; Richelieu sentit le bien que les lettres pouvoient faire. Environné de factions et de troubles, il pensa que les plaisirs de l’esprit pouvoient occuper les loisirs d’une noblesse guerrière, l’éclairer sur ses vrais intérêts, l’attacher à ses devoirs, la rendre docile.

Il vous institua, Messieurs, pour hâter les progrès du goût, parce que les lettres ne sont utiles que lorsque le goût est perfectionné. Alors, par le choix des sujets et par la manière dont ils sont traités, les ouvrages du génie dirigent l’opinion et influent sur les mœurs.

Quelle lumière ne répandit pas sur la littérature une société d’hommes savans, éclairés l’un par l’autre, qui discutoient entr’eux le mérite des différens genres, et les beautés qui leur sont propres, la méthode qu’il faut dans les ouvrages