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Il y avoit environ un siècle qu’on alloit chercher des connoissances dans les écoles des Arabes, et on en avoit rapporté un jargon qu’on prenoit pour une science. La dialectique, qui ne porte que sur des mots, paroît tout prouver. Favorable par conséquent aux opinions d’un siècle où, pour avoir des titres il suffisoit d’avoir des prétentions, elle fut accueillie et protégée ; elle ouvrit la route aux honneurs, aux richesses, à la célébrité. De là tant de questions plus frivoles encore que subtiles, tant de disputes de mots, tant d’erreurs ou d’hérésies. La manie de disputer, croissant par les applaudissemens, devint un vrai fanatisme, et séduisit jusqu’aux meilleurs esprits. On vit les dialecticiens aller d’école en école rompre des argumens, comme alors les chevaliers alloient de tournois en tournois rompre des lances.

Si on ne s’éclaira pas dans le douzième et dans le treizième siècles, ce ne fut donc pas faute d’études. Mais le faux savoir, plus funeste encore que l’ignorance, avoit asservi les esprits ; il régnoit, comme un imposteur, sous le nom d’un Prince qui n’est plus, règne par la crédulité des peuples.

En vain quelques bons esprits s’élevoient de temps en temps contre ces abus, les coups qu’ils portoient au fantôme adoré dans les écoles, étoient un scandale. Pour amener de meilleures études, il falloit que les hérésies et les guerres, qui devoient naître des querelles entre le Sacerdoce et l’Empire, ne laissassent que des débris, et que