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de modèles aux étrangers. Le goût est l’arbitre et la règle des mœurs, comme de l’éloquence ; c’est un dépôt public qui vous est confié, à la garde duquel on ne peut trop veiller. Dès que le faux est applaudi dans les ouvrages d’esprit, il l’est bientôt dans les mœurs publiques. Tout change et se corrompt avec le goût ; les bienséances de l’éloquence et celles des mœurs se donnent pour ainsi dire la main. Rome elle-même vit peu à peu ses mœurs reprendre leur première barbarie, et se corrompre sous le règne des Empereurs, où la pureté du langage et le goût des bons siècles commença à s’altérer ; et la France auroit sans doute la même destinée si l’Académie, dépositaire des bienséances, de la politesse et de la pureté du goût, ne nous répondoit aussi de celle des mœurs pour nos neveux.

Votre gloire est donc devenue la gloire et l’intérêt public de la nation. Le destin de la France paroît attaché au vôtre ; ses prospérités ont pu éprouver des revers et en éprouveront peut-être encore ; les âges à venir pourront la voir plus ou moins victorieuse ; mais tant que votre tribunal sera élevé, ils la verront toujours également polie.

Ce sera à vous et à ceux qui vous succéderont à publier ses victoires, ou à louer ses ressources et sa constance dans les adversités.

C’est par là qu’en immortalisant votre reconnoissance, vous avez immortalisé le règne de Louis-