Page:Choix de discours de réception à l'Académie françoise, tome I, 1808.djvu/135

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sont venus pour vous entendre, ils s’interrogeoient, ils se demandoient où on trouveroit un autre génie sublime comme celui que nous venons de perdre ! un autre, qui, comme lui, maître des esprits et des volontés par le charme de la parole et l’art d’écrire, sauroit produire ces enchantemens, ces ravissemens des ames ! sauroit émouvoir, séduire, agiter les cœurs ! les remplir à son gré de terreur ou de compassion ! et comme lui, faire couler des pleurs véritables sur de feintes afflictions ! Qui osera, disoient-ils, prendre sa place, et parler après lui à des hommes qu’il a tant de fois enlevés hors d’eux-mêmes pour les transporter dans les siècles et dans les pays les plus reculés de nous ? Qui viendra avec les talens nécessaires, avec la douceur et l’élégance d’un Tite-Live, avec la force et la majesté d’un Thucidide, soutenir cette partie de l’important fardeau de l’histoire de Louis dont il étoit chargé ?

Vous avez parlé, et leurs doutes se sont dissipés : au lieu du récit étendu de vos ouvrages et des raisons qui ont fixé nos vues sur vous, ils n’attendent plus de moi que des applaudissemens, qui viennent se confondre et se mêler avec les leurs.

Oui, Monsieur, l’éloge admirable que vous venez de faire de cet illustre mort, a convaincu, a persuadé tout le monde que vous étiez digne de lui succéder.