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dans les hommes du commun par les grandes choses qu’elle leur donne le courage d’entreprendre, elle ne le paroît pas moins dans les plus grands personnages par les petites choses dont elle les empêche de rougir.

Mais il n’est pas étonnant qu’il fût si exact et si solide sur des devoirs aussi importans que ceux de la religion ; il l’étoit de même sur toutes les choses auxquelles il s’appliquoit, et il n’y en avoit aucune à quoi il ne s’efforçât de donner toute la perfection dont elle étoit capable ; de là vient qu’il travailloit tous ses ouvrages avec tant de soin.

Il les méditoit long-temps, il les retouchoit à diverses reprises, toujours en garde contre cette prodigieuse abondance de pensées et d’expressions que lui fournissoit la nature : n’y ayant rien, disoit-il, qui fasse plus de mauvais écrivains, et sur-tout plus de méchans poètes que cette dangereuse fécondité qui se trouve souvent dans les esprits les plus vulgaires, et qui les remplissant d’une fausse confiance, leur fait prendre pour génie une malheureuse facilité de produire des choses médiocres.

Avant que d’exposer au public ce qu’il avoit composé, il aimoit à le lire à ses amis pour en voir l’effet, recevant leurs sentimens avec docilité, mais habile sur-tout à prendre conseil jusques dans leurs yeux et dans leur contenance, et à y démêler les beautés ou les défauts dont ils