Page:Choix de discours de réception à l'Académie françoise, tome I, 1808.djvu/110

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situation sont obligés de recevoir, ils ont dans leur cœur de quoi rendre, si leur cœur est assez sensible. Admis aujourd’hui par vos suffrages dans une compagnie qui tient le premier rang dans le monde pour les lettres, quel peut être mon devoir, Messieurs, si ce n’est d’employer toutes mes forces pour vous persuader que quelque considérable que soit la grace que vous m’avez faite, j’en connois parfaitement le prix, et que mes sentimens sont tels qu’ils peuvent m’en acquitter.

L’amour des lettres, aussi grand peut-être en moi que dans ceux qui ont le plus fait d’honneur par leurs écrits, la haute idée que

    descendre an tombeau cet ami du bien, sans lui accorder le service funèbre qu’elle étoit en usage de faire célébrer pour ceux de ses membres qu’elle perdoit.

    Furetière n’avoit pas été traité avec la même indulgence ; ses mânes furent privés du service. On sait qu’il avoit perdu sa place à l’Académie pour avoir offensé ses confrères par des libelles. « Furetière, dit M. l’abbé d’Olivet, non content « d’avoir oublié ce qu’il devoit à sa compagnie, oublia dès-lors ce qu’un homme d’honneur se doit toujours à lui-même ; sa colère lui dicta des volumes de médisances, de railleries contre ses anciens Confrères, mais railleries grossières, médisances brutales, qui ne donnent pas une bonne idée de son esprit, et qui en donnent une bien plus mauvaise de son cœur ». Histoire de l’Académie.

    À la naissance de l’Académie, en 1636, l’abbé Granier, élu en 1635, fut déposé sur la proposition du Directeur, de la part de M. le cardinal de Richelieu.