Page:Choix de discours de réception à l'Académie françoise, tome I, 1808.djvu/107

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les bons siècles des matières dignes de son imitation ; il les a trouvées : Il en a senti la beauté, et a souvent été plus loin que ce qu’il vouloit suivre. Il arrivera peut-être une autre révolution où nous retomberons dans notre premier néant, où toutes les beautés qui nous charment s’évanouiront, où toutes les clartés qui nous environnent s’éteindront, et cette succession de lumières et d’obscurité, image en grand de ce que la vicissitude du jour et de la nuit est en petit, durera peut-être autant que le monde. Quoi qu’il en soit, (car qui peut pénétrer dans les abîmes de la providence divine ?) tandis que les belles-lettres fleurissent en France avec tant d’éclat ; qu’elles sont cultivées avec tant de succès ; qu’elles sont aimées des peuples, honorées des favorables regards du Prince, moquons-nous de ce vain dégoût des adorateurs de l’antiquité qui ne sont point encore contens de notre siècle, et qui lui préfèrent presque toujours des siècles évanouis. D’ailleurs soyons toujours en garde contre l’injustice d’une préoccupation contraire, qui tend à payer de mépris les fameux anciens qui nous ont laissé dans leurs ouvrages une idée de perfection accomplie, et qui ont eu jusqu’ici tant d’admirateurs, que c’est en quelque façon se révolter contre le genre humain, que de se révolter contre l’autorité qu’ils ont acquise à si juste titre. C’est en gardant ce tempérament entre les uns et les autres