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se contenter de les comparer avec les auteurs des siècles passés, suivant les régles d’une critique désintéressée et appuyée de toutes les qualités nécessaires pour y réussir ; je veux dire d’une érudition profonde, d’une parfaite connoissance des langues des anciens, de leur histoire, de leur politique, de leurs mœurs, et de leur goût. Ainsi, au lieu de s’amuser à chercher dans leurs plus fameux poëtes, et dans leurs plus célèbres orateurs, des défauts qui n’y sont point, il falloit chercher la perfection où elle se rencontre parmi les nôtres, et en faire la comparaison, et peut-être auroit-on trouvé que les anciens ne nous laissent pas si loin derrière eux, que quelques-uns se l’imaginent. Car sans parler de mille inventions admirables qui ont été découvertes depuis deux cents ans, et qui ont échappé à la curiosité des anciens : à ne considérer que les choses qui nous environnent dans ce moment même, et qui nous frappent les yeux ; est-ce que ce magnifique bâtiment du Louvre n’est pas aussi beau que leurs plus superbes bâtimens ! Est-ce que l’on n’entend pas présentement l’art militaire aussi bien qu’eux ! Est-ce que les siéges de Luxembourg, de Mons et de Namur, ne sont pas aussi remarquables que ceux de Tyr, de Sagunte, ou de Carthage ! Pourquoi n’y auroit-il que l’éloquence, et que l’art de bien écrire où nous serions leurs inférieurs ? C’est peut-être parce