Page:Choisy - Journal du voyage de Siam, 1687.djvu/84

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
76
Journal

7. Juin.

A la pointe du jour, on a mis à la voile avec un bon Noroueſt. Il a fallu louvoyer pour ſortir de la rade : mais comme le vent n’eſtoit point forcé, nous n’avons point eu tant de peine qu’en entrant. La Maligne a peine à nous ſuivre : elle s’eſt pourtant vantée d’aller plus vîte que l’Oiſeau. Nous beuvons encore de l’eau de Breſt : celle du Cap n’eſt pas ſi bonne. Nos malades ſont gaillards, leurs gencives ſont racommodées : ſix jours à terre eſt une bonne médecine. Le reſte de l’équipage eſt un peu fatigué : les pauvres gens ont fait en cinq ou fix jours ce que les Hollandois ne font qu’en trois ſemaines, de l’eau, du bois, d’autres proviſions. Ils n’ont gueres dormi, ils ſe repoſeront à Bantam. C’eſt-là préſentement le but de nos ſouhaits ; & quand nous y aurons eſté cinq ou ſix jours, nous aſpirerons à Siam. Tous les pilotes Hollandois ne doutent pas que nous n’y arrivions cette année.

Le Cap eſt doublé : ainfi nous ſommes entrez dans la rade, & nous en ſommes ſortis malgré le vent. Je ne conſeille pourtant pas à nos neveux de nous imiter. Quand on vient d’Europe, & que le vent eſt contraire & forcé, il vaut mieux aller mouiller au Nord de l’Iſle Robin qui eſt à l’entrée de la rade, & là attendre