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Journal

miral, nous ont ſaluez de ſept coups, de cinq, & de trois. On leur en a rendu tout autant : ils ont remercié chacun d’un coup. Nos malades, nos Jéſuites, nos Miſſionnaires ſont allez à terre. J’irai demain en bonne compagnie, car on dit qu’il y a ſur la montagne certains lions de mauvaiſe humeur, & des éléphans ſauvages fort impertinens.

M. le Commiſſaire général vient d’envoyer à M. l’Ambaſſadeur un préſent de fruits, d’herbes, & de poiſſon. Nous mangerons de la ſalade ; je ne me ſoucie pas du reſte.

2. Juin.

CE Commiſſaire général eſt galant homme : il vient d’envoyer encore douze gros moutons. J’ai eſté ce matin à terre. La fortereſſe eſt fort jolie. L’habitation eſt de maiſons la plûpart couvertes de chaume, mais ſi propres, ſi blanches, qu’on y reconnoît les Hollandois. Il y a un jardin que la Compagnie a fait faire : je voudrois bien qu’il fuſt à un coin de Verſailles. Ce ſont des allées à perte de veuë d’orangers & de citroniers, des potagers, des eſpaliers, des arbres nains ; tout cela coupé par des ſources d’eau vive. On met par ordre tous les fruits dans le magazin, & rien n’en ſort que pour les vaiſſeaux de la compagnie. Toute notre jeuneſſe eſt allée à la chaſſe : on leur a fourni des chevaux, des