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Journal

il faut que je m’attache aux fraſes. Chaque Langue a ſes façons de parler. Je n’irai pas traduire mot à mot : cela feroit un plaiſant langage. Il faut que je trouve un tour François qui réponde au tour Portugais ; & en le trouvant, ſi je le trouve, j’atrape autant qu’il eſt en moi la délicateſſe des deux Langues. J’y prens autant de plaiſir que je faiſois à la Gazette. Nous roulons beaucoup, mais nous allons bien.

19. Mai.

TOutes les relations, tous les routiers nous diſent que quand on a atrapé le Tropique du Capricorne, on trouve les vents d’Oueſt. Cela n’eſt pas vrai, au moins pour nous. Nous avons trouvé depuis le Tropique beaucoup d’inconſtance dans les vents, tantôt Oueſts, tantôt Noroueſts, tantôt Nordeſts. On va pourtant. C’eſt une choſe admirable que l’art de naviguer ! Il y a trente-deux airs de vent : il y en a toujours au moins les deux tiers de favorables par le moyen des voiles, qui prennent le vent ou d’une maniere, ou d’une autre. Nous voyons des oiſeaux ; c’eſt ſigne que les terres approchent : ils ſont marquetez de blanc & de noir, & ſe nomment Damiers.

20. Mai.

NOus avons un peu de vent, mais il eſt lar-