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du Voyage de Siam.

humilié, on ſe tient en paix : Mirabiles elationes maris. La frégate va fort bien : nous ne nous quittons pas de veuë. Le plaiſir eſt mutuel ; & ſi l’Oiſeau aime à voir la Maligne, la Maligne eſt fort aiſe de voir l’oiſeau. Nous n’avons point encore eu beſoin l’un de l’autre ; mais c’eſt beaucoup d’avoir un bon voiſin.

18. Mai.

JAi commencé un ouvrage, & je l’acheverai, s’il plaît à Dieu. Vous ſçavez que je ne ſuis pas inconſtant ; & que quand j’ai commencé, ordinairement j’acheve : ce ne ſont pas là vos maximes. Je veux toujours écrire, & ne jamais lire. J’avoue que ce n’eſt pas le moyen d’eſtre ſçavant. Chacun a ſon foible. Il faut que je barbouïlle, auſſi aiſe quand j’ai ma plume à la main, que quand M. le Prince y a ſon épée. Heureuſe poſtérité, ſi ces deux inſtrumens eſtoient chacun dans ſa ſphere également bien employez ! J’ai entrepris la traduction d’une Hiſtoire Portugaiſe de l’Ethiopie Orientale : il y a des choſes fort curieuſes & fort inconnuës. L’Auteur eſt un moine, qui n’eſt point moine, qui va au fait, & ne s’amuſe point à la bagatelle. Mais ce n’eſt point à tout cela que je ſonge. J’apprends le Portugais, & je le veux bien ſçavoir. Or quand je lis un livre ſimplement pour l’entendre, je ne m’attache qu’aux mots : mais ſi je le veux traduire,

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