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du Voyage de Siam.

même quelque peine à s’expliquer. Ici c’eſt un torrent d’éloquence : ſes yeux s’allument, & il dit tout ce qu’il veut. Si cela va toujours en augmentant, je ne m’étonne plus des progrès que font les Miſſionnaires dans les Indes.

2. Mai.

LE calme eſt revenu ; tant mieux : les vents d’Oüeſt nos bons amis veulent venir. Les Sueſts s’en ſont allez pour leur faire place. Autre ſujet de bien eſpérer, la lune eſt nouvelle. Enfin nous ſommes à 26. degrez. Il n’y a plus que huit cens lieuës au Cap, & je vous y donne rendez-vous au 20. de ce mois. Parlons un peu, je vous prie, de la famille. Vous ſçavez que j’y ſuis aggregé, & je ne prétends pas perdre mes droits pour aller aux Indes. Je n’ai point dit adieu a M. le M. de D. Je l’ai traité comme mon propre frere, & comme vous-même. J’aurois pourtant eu bien des choſes à lui dire, & bien des remercimens à lui faire : c’eſtoit la moindre monoie dont je pouvois le paier. Mais j’ai fait tout égal : j’ai tout remis au retour, ſur lequel j’ai conté comme ſur une choſe ſure ; & j’y conte encore plus que jamais depuis que je ſuis emmariné. Mais croiriez-vous que je ſonge fort ſouvent à Mademoiſelle de D. Je vous aſſeure que ſi j’ai quelque crédit parmi les Miſſionnaires, je ferai bien prier Dieu pour ſa converſion.

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