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du Voyage de Siam.

12. Avril.

LA mer eſt couverte de poiſſons : les uns nagent, les autres volent. Ceux qui nagent, ſautent pour atraper ceux qui volent ; & tous ſe font la guerre, & ſe mangent, quand ils peuvent. Nous les mangeons auſſi quand nous pouvons. Ce ſont juſqu’ici les Albucors, qui ont remporté le prix. Les Dorades ont des parieux : nous en jugerons.

13. Avril.

LEs vents ſont Sueſts : c’eſt l’ordinaire de ces païs-ci. Ce ne ſont plus les grains qui les amenent ; ce ſont vents faits & aliſées. Nous allions déja croire qu’en notre faveur l’ordre de la nature s’alloit renverſer. Mais non : l’Iſle de Sainte Hélene eſt devenuë pour nous inacceſſible ; & nous allons vers le Breſil chercher les vents d’Oueſt, qui nous porteront au Cap. La hauteur s’eſt trouvée de 3. degrez 50. minutes.

14. Avril.

NOus allons bien : mais comme le vent eſt Sueſt, il faut le pincer, aller au plus prés. Franche bouline. Nos pauvres têtes le ſentent bien, & ne peuvent qu’à peine ſe conduire. La frégate n’oſeroit porter ſes perroquets, dés qu’il y a un peu de mer ; & nous ſommes obligez de l’at-