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horreurs de la ligne. Où ſont-elles ces horreurs ? Notre vin a toute ſa force, l’eau eſt admirable ; & ce qu’on auroit peine à croire, nous beuvons frais, non pas à la glace, mais comme ſi l’eau avoit eſté au fonds du puits. Le fonds de cale eſt bien auſſi creux qu’un puits. Du pain frais tous les jours. Des poiſſons de cent eſpéces différentes. J’éxagere : mais enfin on en voit, on en mange de beaucoup de ſortes. Nous fiſmes hier la diſſection d’un Albucor. Il reſſemble à un Ton, & eſt bien meilleur : preſque point de boyaux, de groſſe chair rouge & ferme, de petites dents blanches & bien rangées. En cela fort différent du Marſouïn, qui a quatre ou cinq rateliers les uns ſur les autres, avec leſquels il coupe comme un raſoir.

11. Avril.

NOus voici à 3. degrez 10. minutes. Toujours le Nordeſt : on n’a jamais ouï parler de cela. Nous allons au Sueſt ; & ſi les mêmes vents continuent, nous ne ſerons point obligez d’aller vers le Breſil chercher les vents d’Oüeſt. Nous irons prendre des tortues à l’Iſle de l’Aſcenſion, & de l’eau à Sainte Hélene ; & nous doublerons le Cap de bonne Eſpérance, ſans nous y arrêter. Ce ſeroit gagner un mois de temps.