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Journal

Le pauvre Sibois a receu aujourd’hui Notre-Seigneur en viatique. Son mal eſt fort augmenté : il a la fievre, & n’a plus gueres de force. Il ſeroit bien malheureux de venir mourir à la porte.

11. Juin.

LE vent augmente à veuë d’œil. Nous faiſons deux lieuës & demie par heure. Il eſt Noroueſt : il n’en faut pas davantage pour eſtre à Breſt dans quatre Jours. Sibois ſe porte mieux : ſa fievre a mangé ſa diſſenterie.

12. Juin.

LE vent eſt devenu ſi fort, qu’il a fallu amener nos voiles, & ne laiſſer que la petite mizene, avec laquelle nous volons encore. La hauteur s’eſt trouvée de 48. degrez 40. minutes, qui eſt la hauteur de Breſt à quelques minutes prés. Nous avons fait aujourd’hui cinquante-quatre lieuës ; & comme nous nous faiſons encore à cent trente lieuës de Breſt, on laiſſera courre toute la nuit.

13. Juin.

IL n’y a plus moyen d’y tenir. Le vent eſt ſi terrible, la mer ſi haute, l’air ſi embrumé, que de peur de trouver la terre trop tôt, nous venons de mettre à la cape. Les côtes de Bretagne ſont fort dangereuſes. Il faut voir clair pour les aller chercher, & y aller un peu plus doucement. Cepen-