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Journal

ſans compter des monſtres hideux ; & tout cela diſparoît, ſans qu’il nous en vienne un zéphir. La Pompe de mer s’eſt auſſi montrée. C’eſt une maniere de colomne d’eau, qui s’éleve de la mer juſqu’aux nuës ; & malheur aux vaiſſeaux ſur qui elle tombe. On lui tire des coups de canon quand on la voit venir ; & pourveu qu’on la puiſſe toucher, elle eſt diſſipée.

4. Avril.

TOujours calme, & grand chaud. Meſſieurs de la Maligne nous ſont venus voir ce matin. Leur Canot eſt ſi petit, qu’à peine oſent-ils s’y fier. Ils nous ont conté les grands coups de mer qu’ils ont eſſuyé au Cap de Finiſtere ; comme l’eau eſtoit d’un pied ſur le pont ; & la néceſſité où ils ſe trouverent de rompre leur chaloupe. Il y en eut plus d’un qui ſe crurent à leur dernier jour. Et nous fiers & tranquilles ſur notre oiſeau, nous voyions la mer en colere ſans la craindre, & preſque ſans la ſentir. Ils n’ont point de malades chez eux. Nous ne ſommes pas de même ici : le nombre en augmente tous les jours ; mais Dieu merci on ne jette perſonne à la mer.

5. Avril.

Calme, & toujours calme. Nous faiſons une dixaine de minutes par jour.