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du Voyage de Siam.

matin le vent eſt bien petit. Les voiles batent contre les mâts : demandez à M. de Langeron quel ſigne c’eſt. Nous devons cette aprés-dînée rencontrer le ſoleil : il ſe fait bien ſentir. Notre pompe ſent bien mauvais : voila encore de quoi conſulter les Marins. Pour moi, quand j’ai quelque difficulté ſur la manœuvre, je conſulte un petit cadet nommé Beauregard, fils d’un Commiſſaire de marine ; vous qui aimez les gens apliquez à leur métier, vous vous accommoderiez bien de lui. Il n’a pas vingt ans, & a fait ſix campagnes, & l’année paſſée eut un bon coup de mouſquet au travers du corps ; & cependant cela n’eſt pas encore Garde-marine. Le mérite ne ſuffit pas pour faire fortune : il faut un patron pour le faire connoître.

Ho quel chaud étoufant ! On ne ſçauroit s’appliquer à rien, & pour avoir la force de vous écrire, il faut que j’y aye bien du plaiſir. J’entens grand bruit. On hiſſe toutes nos voiles. Le vent eſt revenu : Dieu nous le conſerve ; & nous ſerons bientôt à la ligne. Nous croyans eſtre aujourd’hui préciſément ſous le ſoleil : mais il eſt impoſſible de prendre hauteur.

30. Mars.

LE vent a eſté bon juſqu’à neuf heures du matin : nous faiſions deux lieuës par heure. Le calme eſt revenu dés quels ſoleil a eſté le maître.