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du Voyage de Siam.

Les principales marchandiſes qu’on peut tirer du Tonquin, ſont de la ſoie, du muſc, & du bois d’aloès, quand il eſt gras. Les Hollandois les y viennent prendre pour les porter à la Chine & au Japon, d’où ils rapportent au Tonquin de l’or & de l’argent. Il n’y a ni lions, ni aſnes, ni moutons, mais beaucoup de buſles, peu de beufs, des vaches, pourceaux, quantité de cerfs, tigres, loups, ours, ſinges, éléphans ; ni blé ni vin, beaucoup de ris. On n’y entend jamais parler de peſte, de goute, ni de pierre. Il y a des ouragans preſque tous les ans.

Le peuple eſt eſclave, & travaille toujours pour le Roi, excepté les deux moiſſons pour ſemer, tranſplanter, & recueillir les ris ; ce qui va à peu prés à quatre mois par an. Un village de cent habitans paye douze mille de caches, qui valent quatorze écus, & douze grandes meſures de ris : ce qui eſt peu de choſe au prix des Cochinchinois, qui payent cinq écus par tête, & qui ſont ordinairement tous pauvres.

Le plus grand revenu du Roi conſiſte aux préſens que tous les grands ſeigneurs ſont obligez de lui faire le premier jour de l’an, le jour de ſa naiſſance, & le jour de l’anniverſaire de ſon pere. Il tire encore beaucoup des douanes, de l’ancrage des vaiſſeaux, & des marchandiſes de ſon royaume qu’il vend aux étrangers. Le Chua d’à préſent ſe nomme Nambuon, & ne regne