cede pas tant de leur vertu naturelle, que de leur naturel fainéant, pareſſeux, & timide. C’eſt ce qui donne grand crédit parmi eux aux Talapoins, qui leur défendent de tuer toutes ſortes d’animaux, & qui ne laiſſent pas de les manger, quand on les leur donne tout tuez.
Les Siamois ſont ſort chaſtes : ils n’ont ordinairement qu’une femme. Les riches pourtant ont des concubines qui ſont toujours enfermées. Le peuple eſt fort fidelle, & ne vole point. La plûpart des Mandarins qui ſont dans les emplois y feroient de grandes injuſtices, ſi le Roi n’y tenoit la main.
Preſque la moitié du royaume eſt peuplé de Pégous, qui ont eſté pris à la guerre : ils ſont plus agiſſons que les Siamois. Il y a auſſi beaucoup de Laos, qui eftant à demi Chinois, ſont adroits, & voleurs par fineſſe. Leurs femmes ſont blanches, belles, & familières.
Les Mandarins font ordinairement aſſez accommodez : ils ne dépenſent preſque rien. Le Roi leur donne des eſclaves, qui les ſervent à leurs dépens. Les vivres ſont à bon marché ; & pour s’habiller, ils ſe ſervent de pieces d’ctofes, qui ne s’uſent pas ſi aiſement que les habits.
Les Siamois font preſque tous maſſons. & charpenticrs. Ils imitent parfaitement les plus beaux ouvrages d’Europe en dorure & ſculpture. Ils n’ont point encore pu parvenir à la peinture. Ils