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Journal

de valets ſuffiront pour vous donner une idée de la nation Siamoiſe.

Toutes nos partances font heureuſes, & nous partons toujours le ſamedi ; de Breft, de Batavie, de Siam, toujours le ſamedi, & toujours vent arriere. Nous avons déja doublé le Cap de Leon du côté de Camboge. La mer eſt belle, le vaiſſeau ne branle point, perſonne ne ſonge à eftre malade. Nos Ambaſſadeurs font bonnes gens, & veulent apprendre le François.

23. Décembre.

PEtit vent : bon chemin : nous ſommes dans un bateau qui va de Paris à Saint-Cloud. Tout y eſt plein d’animaux différens pour le manger, ou pour le plaiſir ; vaches, moutons, cabrits, cochons, oyes, codindes, canars, poules, linges, perroquets, chiens, chats, ſans conter deux oiſeaux plus grands & plus beaux que les demoiſelles de Numidie, civettes, oiſeaux qui parlent, & un nombre infini de rats fort familiers. Les animaux raiſonnables s’y trouvent auſſi rafſemblez de païs aſſez éloignez. François, Suiſſes, Flamans, Hollandois, Bretons, & Provençaux, car ces deux derniers ne ſe diſent pas François, Siamois, Pégous, Macaſſars : tout cela vit dans une grande union, & mange au même plat. Nous commençons à nous ranger. Nous prierons Dieu demain & aprés ; & puis chacun

fera