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du Voyage de Siam.

braqué toutes leurs lunettes dans une chambre à côté de celle du Roi ; & ſa Majeſté a tout obſervé avec eux. Il a oublié en cette occaſion ſa gravité, a ſouffert qu’ils fuſſent auſſi haut que lui, & a témoigné eſtre fort ſatisfait. En voici une bonne preuve. Il leur a dit qu’il feroit bâtir une égliſe, une maiſon, & un obſervatoire à Siam, & à Louvo, & qu’il vouloit qu’eux ou leurs ſemblables y fiſſent de belles découvertes. Cela a eſté ſuivi d’une robe de ſatin, que chacun des Peres a rapportée à la maiſon.

Nous avons eſté ce matin à la chaſſe des éléphans : c’eſt un plaiſir véritablement royal. La grande enceinte eſt de plus de vingt lieuës de tour. Il y a deux rangs de feux allumez toute la huit, & à chaque feu de dix pas en dix pas deux hommes avec des piques. On voit de temps en temps de gros éléphans de guerre, & de petites pieces de canon. Des hommes armez entrent dans l’enceinte, & font le trictrac : peu à peu on gagne du terrain ; l’enceinte ſe rétrécit ; les feux, le canon, & les éléphans approchent, juſqu’à ce qu’on puiſſe approcher les éléphans ſauvages aſſez prés pour leur jetter des lacets ou ils ſe prennent les jambes. Quand il y en a quelqu’un de pris, les éléphans de guerre qui ſont ſtilez à cela, ſe mettent à leurs côtez, & leur donnent de bons coups de défenſe s’ils font les méchans, ſans pourtant les bleſſer : d’autres les pouſ-