aiſe de ſçavoir l’hiſtoire de ce vieux éléphant blanc dont on a tant parlé ? La voici.
Le Roi de Pégou ayant appris que le Roi de Siam avoit ſept éléphans blancs, lui en envoia demander un : on refuſa net. Il renvoya, & menaça de le venir quérir lui-même à la tête de deux cens mille hommes : on ſe moqua de ſes menaces. Il vint, aſſiégea long-temps la ville de Siam, la força, n’entra pourtant pas dans le palais du Roi, fit dreſſer deux téatres égaux à la porte du palais, l’un pour lui, & l’autre pour le Roi de Siam ; & là, en grande cérémonie, fit des demandes qui eſtoient autant de commandemens. Il demanda d’abord ſix éléphans blancs, qui lui furent livrez. Il dit avec beaucoup d’affection au Roi de Siam, qu’il aimoit ſon ſecond fils, & qu’il le prioit de le lui mettre entre les mains pour avoir ſoin de ſon éducation. Ainſi avec beaucoup de civilité, il prit tout ce qu’il voulut, & retourna à Pégou avec des richeſſes immenſes, & un nombre infini d’eſclaves. Il ne toucha point aux pagodes, parce que la religion des Siamois & celle des Pégous eſt la même. Seulement un de ſes ſoldats citant entré dans la pagode du Roi, coupa une main de la grande ſtatuë d’or : on en a depuis remis une autre, & j’en ai veu la cicatrice.
M. Conſtance apporta hier au ſoir à M. l’Am-
