Page:Choisy - Journal du voyage de Siam, 1687.djvu/285

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
277
du Voyage de Siam.

a mené voir un éléphant ſauvage, que des éléphans traîtreuſement ont amené dans un Parc où il eſt priſonnier. Il eſt encore un peu hagard. On en prend ſouvent de cette maniere. Une fémelle va crier dans les bois : quelque éléphant ſauvage l’entend, vient au bruit, la trouve à ſon gré, & la ſuit juſqu’à ce qu’il ſoit pris dans une cage de bois. Elle y paſſe la premiere, il fuit, on baiſſe la trape, & il demeure enfermé ; & en trois jours il eſt apprivoiſé. On le met entre deux éléphans de guerre, qui ſont ftilez à l’exercice. Deux hommes montent ſur le ſauvage, l’un ſur le cou, l’autre ſur la queue, & lui font ſentir un bâton ferré, avec lequel ils veulent le gouverner. S’il regimbe, ils le bâtent bien ; & s’il ſe tourne à droite ou à gauche, les éléphans de guerre lui donnent de bons coups de dent. On le fait jeûner ; & quand il a bien obéi, ceux qui le montent lui donnent un peu d’herbe : il devient doux comme un mouton.

24. Novembre.

M. de Vaudricourt eſt retourné à bord fort content, & M. de Fourbin eſt allé à Siam par ordre de M. l’Ambaſſadeur, pour faire châtier quelques François, qui ont fait des inſolences, & pour les renvoyer tous au vaiſſeau. On n’en a point fait de plaintes : mais M. l’Ambaſſadeur, pour faire juſtice, n’attend pas qu’on ſe plaigne.

Le Roi a veu prendre ce ſoir l’éléphant ſauva-

M m iiii