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du Voyage de Siam.

bien m’imprimer les devoirs de ma profeſſion. Dieu veuille que M. l’Abbé de Lionne ſoit du voyage ! ce ſeroit une grande conſolation pour moi. Il m’apprendra bien des choſes que je ne ſçai point, & je n’aurai pas de peine à me ſoumettre à ſa direction : il a tout l’eſprit qu’il avoit en France avec une humilité angelique. M. l’Ambaffadeur, M. l’Evêque, les François, les Siamois, tous voyent clairement qu’il eſt à propos qu’il faſſe le voyage : lui ſeul s’y oppoſe. Il a peut-eſtre peur, que dans ſa patrie ſa grande barbe ne lui attire des reſpects qu’il mépriſe beaucoup ; & ne veut pas voir que Dieu en tirera ſa gloire. S’il perſiſte à eſtre opiniâtre, nous lui ferons commander par le Roi d’accompagner ſes Ambaſſadeurs. Il ſçait leur langue, & ſera un interprete illuſtre. M. le grand Prieur & Poligomolin ne ſeront pas fâchez de le voir.

J’ai eſté ce ſoir deux heures avec M. Conſtance.

21. Novembre.

JE prévois que M. de Vaudricourt n’aura point l’honneur de voir ſa Majeſté Siamoiſe : il faudroit qu’il ôtaſt ſes ſouliers, & qu’il miſt la tête ſur ſes coudes, manieres Orientales qui ne conviennent point à la Nobleſſe Françoiſe. J’oppoſe aux raiſons de M. Conſtance l’exemple récent de nos gentilshommes qui ne l’ont point fait ; & il me répond qu’on les a regardez comme la robe de

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