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du Voyage de Siam.

une conceſſion du Pape Alexandre VI. prétendent que les Indes, & même la Chine ſont de leur domaine, & qu’ils ont droit ſeuls d’y envoyer des Miſſionnaires : c’eſt ce qui fait que depuis vingt-cinq ans ils s’oppoſent aux Vicaires Apoftoliques. Ils ſont en cela fort mal fondez. La bulle ne leur accorde ces pouvoirs que dans les lieux où ils ſont les maîtres, comme à Goa, à Macao. Or jamais ils n’ont eſté maîtres à Siam, au Tonquin, en Cochinchine, à la Chine. Comment donc peuvent-ils empêcher le Pape d’envoyer des Miſſionnaires dans des païs abandonnez, qu’ils ne ſont pas en état de ſecourir ? Ils ne laiſſent pas de le faire autant qu’ils peuvent ; & l’Archevêque de Goa a ici un Vicaire, qui ne veut point reconnoître les Vicaires Apoſtoliques. Il s’appelle Vicaire de Varre : Varre veut dire baguette ; & il en fait porter une devant lui, pour marquer qu’il a la juriſdiction extérieure dans les choſes Eccléſiaſtiques. Ce Vicaire par ſa deſobéiſſance a encouru l’excommunication fulminée par le Pape. Il va ſon chemin ; & ſur ce qu’il a appris que M. Coche ne ſe croyant pas bien marié par lui, a eſté ſe remarier à l’Egliſe de M. l’Evêque, il l’a excommunié, la mariée, ſon pere Jean d’Abreo, la mere, les tantes, & toute la famille, ſans aucune admonition, ſans les interroger, ſans entendre de témoins, contre toutes les formes. M. Conſtance qui l’a ſceu, l’a envoyé arrêter pour

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