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du Voyage de Siam.

ſans avoir aucunes charges il les fait toutes. Le Roi pluſieurs fois l’a voulu faire grand Chacri, qui eſt la premiere charge de l’Eſtat. Il a toujours refuſé, en faiſant connoître à ſa Majeſté que ces grands honneurs l’obligeroient à tant d’égards, qu’il en deviendroit inutile à ſon ſervice, & ne pourroit plus aller par tout comme il fait ſans conſéquence. Les plus grands Mandarins ſont devant lui en reſpect.

7. Novembre.

LA liſte des préſens ne finit point : on en apporte toujours de nouveaux. On y vient d’ajouter un très-petit tapis de Perſe, qui coûte en Perſe dix-huit cens écus. M. Conſtance a dit à M. l’Ambaſſadeur que le Roi lui donnoit toutes les porcelaines qui ſont dans ſon divan. Elles ſont toutes Chinoiſes : il peut y en avoir pour deux mille écus ; & c’eſt aſſez qu’elles ſoient ſorties du palais pour n’y rentrer jamais. C’eſt un commencement de préſent. M. de Vaudricourt, bien qu’il n’ait point encore paru, aura auſſi ſon préſent ; & nos gentilshommes ne ſeront point oubliez. J’ai coulé à M. Conſtance dans mes converſations ce qu’il falloit faire là-deſſus. Je n’avois garde de parler pour moi : mais j’ai affaire à un homme d’eſprit. Il m’a conté une aſſez plaiſante choſe. Quand il entra dans le miniſtere, il y avoit dans le royaume beaucoup de ſorciers, qui