là ont bien du temps à perdre.
Je viens d’apprendre que le Roi de Siam a un nom d’une aune ; chaque Roi a le ſien ; & il eſt défendu ſur peine de la vie de prononcer le nom du Roi vivant. Les plus grands Mandarins ont auſſi de grands noms, que le Roi leur donne. Voici ce que veut dire en françois celui qu’il a donné à M. l’Evêque de Metellopolis : Divin, Religion, Juſtice, Excellent en diverſes manieres, Lumineux, Eclatant, Dom Luis Evêque François.
J’Ai acheté aujourd’hui de bon thé ; mais on m’en a donné d’admirable, de ce thé dont ſe ſert l’Empereur de la Chine. On n’en vend jamais. J’ai auſſi fait proviſion de porcelaines communes. On ne trouve rien chez les marchands ; & le peu qu’il y a, les Anglois, les Hollandois, les François ſe l’arrachent des mains, & les bons Siamois le ſalent bien.
J’Ai aujourd’hui aidé M. Conſtance à choiſir des préſens pour le Roi & pour Monſeigneur le Dauphin, pour Madame la Dauphine, & pour les Princes ſes Enfans. Si les préſens ne ſont pas beaux, ce ſera ma faute : j’ai eſté à même, & de long-temps n’ai veu tant de richeſſes. J’ai dîné chez M. Conſtance, qui s’eſt venu loger vis-à-vis
