de Rhodes, en quittant le Tonquin, prétendoit y avoir laiſſé plus de cent mille Chrétiens. Ils diſent qu’il y en a préſentement deux cens mille, & ſoixante mille en Cochinchine.
LE nom de Louïs le Grand fait par tout païs la pluie & le beau temps. Nous renverfons tous les jours les coutumes des Siamois. M. l’Ambaſſadeur a eſté voir aujourd’hui le Barkalon. Il eſt bon de vous dire que ce Barkalon eſt le premier Miniſtre, le grand Vizir du Roi de Siam. Celui-ci n’a pas grande autorité ; c’eſt M. Conſtance qui fait tout : mais il en a le titre & les honneurs. Or d’ordinaire il donne audiance aux Ambaſſadeurs dans une niche ; les grands Mandarins & l’Ambaſſadeur ſur un tapis, au plus ſur un carreau. Le dernier Ambaſſadeur de Portugal, qui vint ici l’année paſſée, s’aſſit ſur le tapis. Il eſt vrai qu’il ne tint qu’à lui de faire porter un carreau. Voici comment l’affaire s’eſt paſſée à noſtre égard.
Deux grands Mandarins à cheval font venus prendre M. l’Ambaſſadeur chez lui. Il a monté dans ſa chaiſe, M. l’Evêque dans la ſienne, & moi dans la mienne ; car on me voit par tout, & je ſuis proprement le perſonnage muet de la comédie. M. l’Ambaſſadeur eſtoit dans une chaiſe, qu’il a apportée de France, fort dorée, avec de belles creſ-
