Page:Choisy - Journal du voyage de Siam, 1687.djvu/230

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
222
Journal

ché, & a fait à M. l’Ambaſſadeur un compliment où il y avoit beaucoup d’eſprit.

Je viens de lire le journal du voyage de M. d’Héliopolis à la Chine, fait par lui-même. Vous ne ſerez pas fâché de ſçavoir de quelle maniere il y eſt entré : cela tient un peu du miracle. Il s’embarque à Siam ſur un vaiſſeau Chinois qui alloit au Japon. M. Conſtance le recommande au Capitaine qui devoit le mettre à terre ſur les côtes de Cantom avec deux Miſſionnaires qui l’accompagnoient. Le Capitaine en approchant de la Chine, apprend que tout y eſt en armes ; que les Tartares ont deux cens vaiſſeaux, & qu’ils vont attaquer le Prince de Formoſe, petit-fils de celui qui ſe ſoutint dans ſon Iſle contre toute la puiſſance du conquérant de la Chine. On lui dit que les côtes de la Chine ſont couvertes de navires & de pirates : il n’oſe s’en approcher. Tout l’équipage veut faire route, & jetter à la mer les Miſſionnaires : car de les mener au Japon, ils n’ont garde d’y penſer ; il y va de la vie. Le Capitaine propoſe à M. d’Héliopolis de le mettre dans une Iſle deſerte, où il vivroit comme il pourroit ; & lui promet de le reprendre en paſſant au retour du Japon. Le bon Evêque accepte le parti. On cherche une Iſle. Paroiſſent dans le moment trois pirates Tartares. Le Chinois fait force de voiles, & ſe ſauve où il peut, cinglant toujours vers le Japon. Enfin, aprés avoir bien cherché une Iſle