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Journal

du Roi de Siam m’a rafraîchi le fang ; & j’aurois de bon cœur embraſſé l’Ambaſſadeur pour l’action qu’il venoit de faire. Mais non ſeulement ce bon Roi s’eſt baiſſé ſi bas pour recevoir la Lettre du Roi : il l’a élevée auſſi haut que ſa tête, qui eſt le plus grand honneur qu’il pouvoit jamais lui rendre. Il a dit enſuite qu’il recevoit avec grande joie des marques de l’eſtime & de l’amitié du Roi de France ; & qu’il eſtoit preſque auſſi aiſe de voir M. l’Ambaſſadeur, que s’il voyoit le Roi lui-même. Il a demandé des nouvelles de la Maiſon Royale, & des nouvelles de la paix & de la guerre. M. l’Ambaſſadeur lui a répondu que le Roi, aprés avoir pris la forte place de Luxembourg, avoit obligé les Eſpagnols, les Hollandois, l’Empereur, & tous les Princes d’Allemagne à ſigner avec lui une tréve de vingt ans. Enfin le Roi a ſouhaité à M. l’Ambaſſadeur, que le Dieu du Ciel le remenaſt en France auſſi heureuſement, qu’il l’avoit amené au roiaume de Siam. J’ai oublié à vous dire que M. l’Evêque de Metellopolis & M. l’Abbé de Lionne ſe ſont trouvez dans la ſalle avant nous, & qu’après que M. l’Ambaſſadeur a eu rendu la Lettre du Roi, je me ſuis aſſis ſur le tapis à ſa main droite, M. l’Evêque eſtant à ſa gauche, M. l’Abbé de Lionne derriere l’Evêque, & M. Conſtance un peu devant M. l’Ambaſſadeur. Le Roi a eſté quelque temps ſans rien dire. Aprés quoi on a ouï les trompettes

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